Le test de Prince Of Persia sur Super Nintendo

Sorti à l'origine sur Apple II en 1989, Prince Of Persia est un jeu devenu culte au fil du temps. Tout le monde connaît l'histoire de ce titre, crée de toute pièce par Jordan Mechner, à l'époque où le premier gus venu pouvait encore s'amuser à tripatouiller son ordinateur, seul dans son coin, pour créer son propre jeu vidéo. Prince Of Persia a surtout impressionné pour la qualité de ses animations, bluffantes au moment de sa sortie. Evidemment, il n'existait pas de motion capture à cette époque, alors Mechner s'est servi de son frère comme modèle pour retranscrire ses mouvements et les intégrer au jeu. Un véritable travail d'artisan qui cartonne à tel point que Prince Of Persia va se voir adapté sur un nombre incalculable de plates-formes. En 1992, c'est l'équipe d'Arsys Software qui est chargée du développement de la version Super Nintendo éditée ensuite par Konami.

Le premier changement de cette version Super Nintendo est d'ordre graphique. Le jeu est désormais beaucoup plus beau : les différents personnages sont très bien modélisés et les décors sont sobres mais de très bonne facture, avec quelques passages frôlant le sublime. Bien évidemment, l'animation est toujours au top, les mouvements du Prince de Perse ont bénéficié d'un soin à toute épreuve. Chacun de ses pas est suivi d'une foule de détails qui renforcent le réalisme souhaité par Mechner, comme le froissement des vêtements ou les saccades des membres du corps, sans parler des sauts retranscrits avec une fluidité excellente. Si on ajoute la musique composée à l'origine par le père de Mechner, la réalisation globale de Pince Of Persia est presque parfaite, plongeant le joueur dans une ambiance digne des contes des Mille et Une Nuits.

Dans son principe Prince Of Persia est un jeu très basique. On dirige un personnage à travers différents tableaux, vingt au total, qui sont une succession de plates formes parsemées de pièges et d'ennemis. Le but étant de délivrer une Princesse retenue par un méchant monsieur. La jouabilité est extrêmement simple, vu que le Pince a une palette de mouvement finalement limitée. On peut courir, sauter, s'accrocher aux rebords, et, selon les moments, attaquer des ennemis avec une épée. Ce sont des possibilités réduites mais on comprend vite que l'intérêt du jeu est ailleurs, et qu'il mise justement sur la quintessence du genre action/plate-forme, sans se soucier du reste. D'ailleurs la jouabilité ne conviendra pas à tout le monde, c'est un des points les plus controversé du jeu. En fait, l'animation est tellement décomposée qu'il est difficile de maitriser le Prince. Par exemple il est impossible de faire un pas sans avancer d'un mètre. De même, les sauts nécessitent de l'anticipation car le personnage répond toujours avec un temps de latence, et prend son élan sur quatre mètres. Inutile de dire que lors des premières parties on finit neuf fois sur dix au fond d'un trou, à cause d'un mouvement non maitrisé. Il faut alors persévérer et s'adapter aux contraintes de cette jouabilité. Apprendre à s'avancer petit pas par petit pas pour s'approcher doucement des rebords et descendre sans encombre ou encore assimiler le timing nécessaire pour sauter, autant de techniques vitales pour espérer progresser dans l'aventure.

Une fois cette jouabilité, rédhibitoire au premier abord, assimilée, Prince Of Persia délivre tout son potentiel. Il faut savoir que le jeu est chronométré, les 20 niveaux doivent être bouclés en deux heures. Evidemment, ce ne sont pas deux heures de jeu effectif, vu qu'on sera amené à recommencer les missions un nombre incalculable de fois. Mais c'est de ce principe que Prince Of Persia tire toute son essence : l'apprentissage. Il faut d'abord arpenter un niveau pour l'assimiler, le dompter, tenter de déjouer ses pièges. La progression est toujours laborieuse mais indispensable pour acquérir les mécanismes et les réflexes nécessaires pour avancer. On établit ainsi un "plan de bataille" pour chaque niveau, où tout les mouvements sont soigneusement étudiés, calculés, réfléchis. On rejoint la logique du time trial d'un jeu de course, avec le but de réaliser un perfect lap sans la moindre faute. L'élaboration de ces stratégies est passionnante et on a de cesse de recommencer les niveaux pour s'améliorer, réfléchir au meilleur moyen de franchir un obstacle qui nous bloque et répéter conscieusement tous les gestes pour enfin parvenir à boucler le stage dans le meilleur temps possible. En clair, Prince Of Persia exige beaucoup de patience et d'abnégation, et si on pestera sans doute après avoir échoué et recommencé une énième fois un niveau, l'envie de progresser se fait toujours plus forte.

Les niveaux sont très bien structurés et sont sans conteste un des points forts de Prince Of Persia. Ils sont dans l'ensemble assez courts, suffisamment pour les finir en 4 ou 5 minutes. En effet, avec un chronomètre limité à 120 minutes, un niveau n'est pas censé prendre plus de 6 minutes en moyenne pour le boucler. Et si on dépasse ce quota on a tout intérêt à recommencer le niveau pour le finir dans le meilleur temps possible. Les niveaux proposent néanmoins un challenge croissant. Plus on avance dans l'aventure et plus la densité des pièges et des ennemis, mais également la complexité de l'architecture, sont grandissantes. Les réseaux de couloirs s'étalent sur plusieurs étages, les emplacements des dalles qui ouvrent les différentes portes se font plus nombreux et sont bien dissimulés. Prince Of Persia recquiert beaucoup de logique pour s'extirper des niveaux labyrinthiques. Sans parler des nombreuses salles cachées qui apportent une touche d'exploration intéressante et qui fournissent surtout des bonus non négligeables qui permettent notamment d'augmenter la barre de vie. Autre détail à noter, au fur et à mesure des niveaux, les décors changent, preuve que le Prince avance de plus en plus au sein du palais où est detenu la Princesse. On débute ainsi dans les souterrains avant de monter vers des pièces luxueuses très stylisées. L'ambiance n'en est que renforcée.

Au final, Prince Of Persia est un jeu très solide. Le plus difficile est d'adhérer au maniement très particulier du personnage. Beaucoup ont abandonné au bout de quelques minutes à cause de la précision et du timing parfois insensés que demande le jeu. Mais une fois maitrisée la jouabilité, diriger le Prince au travers de niveaux superbement étudiés est un véritable pied. L'aventure est très prenante, même si l'histoire en elle-même n'est pas très scénarisée (seules quelques scènes en cours de partie, entre deux niveaux) c'est l'ambiance et le défi qui laisse le joueur accroché à la manette. On pourra néanmoins regretter deux ou trois petites choses. La jouabilité reste quand même rigide, louper un saut au même endroit pour la troisième fois d'affilé sans raison valable, juste parce que le Prince a décidé de ne pas sauter, est très frustrant. Les combats à l'épée sont, eux, un peu pénibles, coupant le rythme imposé par les phases de plate-forme. Enfin le dernier point qui me paraît le plus criticable c'est le fait de laisser tourner le chrono quand on recommence un niveau tant et plus après être mort une trouzaine de fois, alors qu'il aurait suffit de ne comptabiliser que le temps passé à finir le niveau d'une traite. Avec le système de Prince Of Persia on est obligé de repasser par le menu d'introduction et de recommencer le niveau pour faire partir le chrono au point où on l'avait laissé à la fin du stage précédent. Mis à part cela, Prince Of Persia est un jeu quasi parfait, riche, difficile, prenant et passionant, à la hauteur de sa réputation.

Merci au site Snes 4 Ever notamment à Elie46 pour les screenshots issus de son TEST !

En bref...
Graphismes L'esthétique de Prince Of Persia est très réussie. Les décors sont sobres mais s'enrichissent au fil du jeu, distillant une atmosphère arabisante de très bon goût. Mais le gros point fort du soft c'est son animation renversante, le Prince vit, il bouge, il court, il saute de manière très détaillée. Du très bon boulot.	8 / 10
Jouabilité Sujet à controverse, la jouabilité n'en est pas moins excellente, une fois prise en main. C'est vraiment LE critère déterminant et sélectif qui rique de dégouter beaucoup de monde, mais qui, dans le même temps, ravira les autres. Il faut se forcer à maitriser le Prince pour pouvoir ensuite profiter du jeu. Car une fois la jouabilité appréhendée, sauter et s'accrocher aux rebords devient jouissif.	8 / 10
Durée de vie Les 20 niveaux doivent se terminer en deux heures, mais il faudra s'y reprendre à maintes fois pour passer les niveaux car on meurt très souvent, vu la difficulté assez corsée. Au final, la durée de vie est tout à fait honorable. Et le jeu n'est pas insurmontable.	7 / 10
Bande son Les musiques participent à l'ambiance Milles et une Nuits du jeu. Elles sont jolies, bien arrangées et évoluent au fil de l'aventure. Elles ne dérangent pas et accompagnent agréablement l'action.	7 / 10
Scénario C'est très classique et d'ailleurs largement inspiré du conte d'Aladdin. Le Prince doit secourir la Princesse retenue prisonnière dans son palais par le méchant Vizir. Le scénario n'est pas très présent au cours du jeu. Seuls quelques écrans, entre deux niveaux, montrent la Princesse attendant d'être secourue, et vers la fin, de petits évènements scénaristiques se déclenchent lors de certains niveaux.	6 / 10
Note générale Si on arrive à passer outre la jouabilité très particulière de Prince Of Persia, on découvre alors un jeu riche et prenant, qui accroche au pad, tant la structure des niveaux et le challenge proposé sont addictifs et donnent envie de progresser. Bien que très contraignant, Prince Of Persia est un jeu passionnant.	8 / 10

 

Les +	Les -
+ Univers soigné + Jouabilité au rasoir + L'animation + Les niveaux bien pensés + Challenge prenant	- La jouabilité peut rebuter - Les combats à l'épée - Le temps mal décompté

Test réalisé par yedo

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