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Cela fait maintenant près de dix ans que Tony Hawk traîne ses planches dans le monde du jeu vidéo. Pendant longtemps ma connaissance du skate se limitait aux séquences anthologiques de Retour Vers Le Futur. Jusqu'à ce que je découvre le premier épisode d'une série en devenir, Tony Hawk's Skateboarding, fortement influencé par l'effet mode qui propulsera les sports "extrêmes" en France sous les feux des projecteurs. Après le second épisode, souvent considéré comme le meilleur de la série, Tony Hawk a eu du mal à se renouveler, les jeux commençaient à tourner en rond, et ne satisfaisaient plus que les fans hardcore de la première heure. Activision a alors décidé de rafraîchir son concept en démarrant ce qu'on peut considérer comme une sorte de projet parallèle. Tony Hawk's Underground est né, la série tente un nouveau départ.
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Cet épisode propose désormais de vivre l'ascencion d'un skater amateur, des bas fonds, à la reconnaissance internationale. Fini donc le mode carrière à boucler avec tout les skaters professionnels. Si ces derniers sont encore présents dans le jeu, à travers le scénario ou le mode free skate, ils laissent la vedette à un personnage que l'on crée de toutes pièces, que l'on va devoir mener sur le chemin de la gloire. L'idée est réjouissante. On commence dans un bled perdu du New Jersey, du genre banlieue aux maisons décrépies, pour gravir, petit à petit, les échellons, participer à de grosses compétitions, réaliser des vidéos, trouver des sponsors, fonder une équipe, en traversant le monde entier, de New York à Hawai en passant par Moscou. Différentes cinématiques viennent rythmer l'aventure, le scénario est sympa mais prévisible, privilégiant l'humour potache, aux grands moments censés parsemer la voie menant à la consécration de skater pro. Par contre, si tout les textes sont traduits en français il est regrettable de ne pas bénéficier de sous-titres lors des cinématiques qui sont justement le coeur du scénario. Bon, celui-ci est assez simple pour comprendre ce qu'il se passe, mais, il est difficile, pour les non anglophones, de suivre et de saisir l'humour de certaines scènes, tant les personnages parlent vite, avec un accent prononcé. C'est quand même hallucinant de voir qu'un jeu aussi reconnu, distribué partout dans le monde, ne soit pas entièrement localisé.
Bref, le scénario est divisé en différents chapitres, durant lesquels il faut accomplir un certain nombre d'objectifs pour poursuivre l'aventure. Pour se faire, il faut se promener dans les rues et trouver les personnes à qui parler, qui donnent des petits challenges à exécuter, toujours dans l'esprit du jeu. Si les phases de recherche ne sont pas chronométrées, ce qui fait qu'on peut se ballader et trouver des spots à peu près partout tranquillement, les challenges sont souvent à réaliser dans un temps imparti. On retrouve donc le gameplay qu'avait introduit Tony Hawk 4. Mais les défis sont bien plus variés et délirants. Ils servent en général le scénario, beaucoup plus dans l'esprit skate que les autres épisodes, en exigeant, par exemple, de coller des affiches, de récolter des flyers, d'impressioner des personnes pour les ramener à une fête, d'aider des personnes, de réaliser des tricks pour une vidéo, ou de réunir des skaters pour former une équipe. Mais si la forme est rafraichissante et plutôt motivante, le fond ne change pas des masses, étant donné que l'on doit toujours réaliser certains combos, des figures, des gros scores, ou récolter des objets qui font office des lettres S.K.A.T.E. des anciens épisodes. Les seules grosses nouveautés sont la possibilité de conduire des véhicules et de marcher à pied. La conduite reste assez sommaire, le plus souvent il faut écraser des choses ou ramasser des personnes, les engins sont plutôt maniables (sauf le dirigeable, argh, ce truc c'est l'horreur) mais pas assez bien gérés pour y passer des heures dessus, d'autant que le gameplay ne colle pas vraiment avec un Tony Hawk, même si ça contribue au scénario "réaliste". Par contre la marche à pied est une très bonne idée, qui aurait d'ailleurs du être présente dans la série depuis longtemps. Désormais, quand on rage de se taper sur les murs pendant trois plombes, on peut sauter de sa planche et repartir dans le bon sens. Au début, après avoir passé de nombreuses heures sur les précédents épisodes, il est difficile d'avoir le réflexe de prendre son skate sous le bras et de se promener. Pourtant, c'est un aspect important de Tony Hawk's Underground. On peut ainsi grimper en hauteur, s'accrocher aux corniches, prendre des échelles pour dénicher des spots énormes sur les toits ou dans des recoins inaccessibles autrement. Certains challenges se basent exclusivement sur la possibilité de marcher, lors de phases d'infiltration plutôt softs mais plaisantes. Parfois, alors qu'on se prend la tête à réaliser des défis sur sa planche, on se surprend à réussir plus facilement sans le skate, notamment en s'accrochant aux cables en hauteur, plutôt que de grinder, de se vautrer et de devoir revenir au point où le cable est accessible en skate. Bref, la possibilité de marcher à tout moment offre une jouabilité plus souple, même si tout n'est pas rose, les mouvements et les sauts du personnages étant encore perfectibles.
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Malgré l'aspect plus élaboré du scénario, le jeu assume clairement son côté abusé qui fait sa réputation depuis toujours. Ainsi, on fait des transferts entre des immeubles de vingt étages, des combos de folies impensables enchaînant quinze manuals et cinquante grinds, avec un fun à toute épreuve. Pour ma part, je suis fan des phases de flat, ces tricks réalisés en manual, quasiment à l'arrêt, un truc invraisemblable et très classe, indispensable pour faire péter les scores. La nouveauté en terme de combos, c'est le caveman, autrement dit, sauter sur sa planche alors que l'on est en train de courrir : de nouvelles combinaisons en perspective. La jouabilité est donc toujours aussi bonne, les tricks sortent sans trop de problème. Cependant la manette de la Gamecube n'est pas très adaptée aux Tony Hawk. Ce jeu se joue clairement avec une croix directionnelle, or, la manette Gamecube mise tout sur le stick, la croix étant reléguée dans un coin pas du tout pratique. J'ai un peu de mal à comprendre à quoi elle sert en fait, je me demande si on peut vraiment réussir à s'en servir. Le seul intérêt que je lui trouve est d'ordre esthétique, elle fait l'équilibre avec le stick C. D'ailleurs il est clair que la croix a été conçue d'après ce stick, étant donné qu'ils sont de la même taille, la croix étant, du coup, affreusement minuscule, ce qui fait qu'on appuie sur toutes les directions en même temps. J'ai toujours joué à Tony Hawk avec une croix, que ce soit sur Nintendo 64 ou sur Dreamcast, j'ai donc un peu de mal avec le stick, qui m'empêche d'exécuter correctement les diagonales ou les multiples directions souvent exigées pour les specials. Ainsi, j'ai la désagréable impression de ne pas me sentir totalement libre de mes mouvements (mais, après, je ne sais pas si je lui seul que le stick gêne). Pourtant la sensation de liberté n'a peut-être jamais été aussi grande pour un Tony Hawk que dans ce premier épisode Underground. La possibilité de marcher permet une exploration poussée, carrément étonnante, quand on se surprend à découvrir un spot bien planqué et supra classe. Alors on veut grimper partout, afin de trouver chaque recoin jouable. Ainsi si les niveaux, une dizaine à peu près, ne sont pas très vastes, ils gagnent en hauteur, décuplant aisément leur superficie, sans parler des endroits accessibles après avoir explosé des vitres, pas forcément visibles au premier abord. Ce sont donc des niveaux plaisants à parcourir, avec une petite préférence pour Hawai, son ambiance très décontractée, et ses transferts géniaux entre les immeubles (une grosse séquence d'anthologie en perspective). On peut même débloquer des niveaux old school, tirés des anciens épisodes, on retrouve ainsi l'école de Tony Hawk 2, instant cultissime de pure nostalgie pour ce qui est sans doute un des meilleurs niveaux de la série, en tout cas celui que j'ai le plus parcouru.
Comme d'habitude THUG regorge de bonus, d'objectifs, de vidéos, de gaps, de personnages à débloquer, ou de planches, de skateparks, de tricks, d'objectifs à créer. C'est carrément démentiel. On peut customiser son personnage avec une multitude de paramètres, comme d'habitude, mais cette fois-ci l'argent a disparu, les planches s'acquièrent via les sponsors que l'on choisi durant le mode carrière, et surtout les statistiques ne s'achètent plus mais évoluent selon le choix et les aptitudes de chacun, durant les phases de jeu. En gros on décidera de faire progresser notre skater selon notre bon vouloir et nos capacités, dans le domaine de la vitesse, du manual, de l'air, du grind, en effectuant certaine figures imposées. Ce côté un peu RPG est plaisant à gérer. Pour le reste, les joueurs à l'imagination débordante seront aux anges avec la possibilté de créer des tricks, des skateparks ou des objectifs, mais, personnellement, ce n'est pas mon trip de jongler avec ces modes, ça me lasse rapidement et je ne suis jamais content du résultat, puis ça fait genre "hop on a rajouté ça pour donner l'impression de rallonger la durée de vie, le gars il fait joujou dans son coin, pendant ce temps, il nous fait pas chier". Enfin, c'est clair que THUG n'a pas besoin de tout cela pour avoir une durée de vue énormissime. Il faudra donc finir le jeu dans tous les modes de difficulté pour se vanter de l'avoir achevé à 100%. Les objectifs sont très nombreux, 129 au total, de toutes sortes, parfois très corsés. Le challenge me paraît plus relevé que dans les épisodes précédents, certainement car ils demandent une logique beaucoup plus ancrée dans l'approche du skate, la façon de réaliser les figures, les combos, ce qui donne l'impression d'être vraiment en phase avec ce sport. D'ailleurs le jeu suppose que cette "philosophie" est tellement inée chez le joueur que les challenges sont parfois obscurs, avec des termes étranges pour le mec lambda. On est alors largué, sans explications, on a trente secondes pour passer en spécial, faire un manual Yeah Right exigeant une certaine combinaison de touches, le tout en passant à travers des plots. Dans ces cas, mieux vaut respirer calmement et essayer de déchiffrer mot par mot ce qu'on nous demande de faire. A la fin, on arrive quand même à comprendre, à force d'essayer de toutes les manières possibles (l'expérience acquise sur les anciens épisodes est alors importante). Un autre petit détail étrange : dans certains défis, notamment impliquant des véhicules, les emplacement d'objets à ramasser sont indiqués par une flèche, et dans d'autres non, alors que rien ne justifie ce changement. Mais le souci principal, concernant l'interface, c'est le manque de clarté au niveau des objectifs accomplis. Quand on a fini le scénario, il peut rester des challenges que l'on n'a pas su ou pas pu réaliser, le problème c'est que le jeu a beau afficher le nombre total d'objectifs accomplis, on ne sait jamais précisément lesquels il nous manque, on est donc obligé de tatonner pour retrouver, de mémoire forcément, les ultimes défis à boucler, au risque de s'en retaper un bon nombre déjà complétés. En outre, si on veut refaire une carrière, par exemple dans un autre mode de difficulté, les objectifs et les niveaux restent tous débloqués, on ne peut donc pas suivre à nouveau le déroulement du scénario, ce qui est bien chiant. Pour refaire une carrière complète sans perdre tous les bonus débloqués, il faut donc recréer un fichier de sauvegarde, donc de nouveaux blocs à utiliser. Ce sont des détails mais qui donnent un léger goût d'inachevé à ce Tony Hawk's Underground, sans oublier que le fond reste globalement identique depuis le premier épisode. Malgré tout, cette série est toujours aussi fun, Underground ne déroge pas à la règle, et l'aspect scénaristique du jeu donne un regain d'intérêt, booste le plaisir que l'on a à parcourir les niveaux, à sortir des tricks énormes, en bref, à prendre son pied.
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En bref... | |
Graphismes Potables, les graphismes de Tony Hawk's Underground ne font pas cracher les tripes de la Gamecube. La modélisation des personnages est moyenne, les décors sont un peu mieux, sans être sublimes. L'animation est parfaite, c'est l'essentiel. |
6 / 10 |
Jouabilité La série est rodée depuis un bout de temps. Cet épisode ajoute désormais la possibilité de marcher, ce qui offre de nouvelles perspectives. Bref, c'est toujours aussi efficace, mais la manette Gamecube, qui oblige à se servir du stick, n'est pas vraiment adaptée à la réalisation des tricks. |
6 / 10 |
Durée de vie Tony Hawk propose de nombreux challenges comme d'habitude. Les modes de difficulté obligent à refaire le jeu plusieurs fois, sachant qu'à la base, certains défis sont déjà corsés. Sans parler des nombreux modes, skateparks, objectifs, planche, gap, tricks à créer pour les fans de custom. |
7 / 10 |
Bande son Toujours la même veine rap/rock/punk qui ne se démarque pas de la série. De bonnes chansons pour pogoter, mais pas de quoi fouetter un chat. |
6 / 10 |
Scénario Pour la première fois, un épisode de Tony Hawk propose un scénario. Ca apporte une touche de fraîcheur à la série, même si l'histoire reste très sommaire et aurait mérité d'être plus approfondie. C'est néanmoins plaisant de suivre l'évolution de son personnage à travers le monde. |
6 / 10 |
Note générale Tony Hawk's Underground a beau vouloir faire peau neuve, dans le fond, cet épisode reste fidèle à la série. On retrouve exactement les mêmes sensations, le même gameplay, le même feeling. Le bouleversement est plutôt formel. Sur ce point, le jeu s'en sort bien, avec une mise en scène plus classe et attrayante. Inutile de préciser que Tony Hawk's Underground ne révolutionne rien, et s'adresse avant tout aux néophytes et aux fans hardcore. Les autres ont de toutes façons arrêté la série depuis le second opus, grand maximum. |
7 / 10 |
Les + | Les - |
+ On peut marcher + Le scénario + C'est toujours fun |
- Graphiquement moyen - La manette Gamecube pas adaptée à la jouabilité - Cinématiques non sous-titrées - C'est toujours pareil |
Test réalisé par yedo, allez visiter son site
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