Le test de Le Seigneur des Anneaux - Le Tiers Age sur Game Cube
Le test de Le Seigneur des Anneaux - Le Tiers Age sur Game Cube

Editeur : Electronic Arts Développeur : Electronic Arts Genre : RPG
Nombre de joueurs : 1 à 2 Sortie : 5 novembre 2004

Le Seigneur des Anneaux : le Tiers Age est une adaptation RPG de la trilogie cinématographique de Peter Jackson, développée par EA Games, au même titre que les fameux beat 'em all, les Deux Tours et le Retour du Roi. L'ambition est grande, car l'univers de Tolkien se prête idéalement à un RPG, et déambuler sur les Terres du Milieu, en participant à la quête de l'Anneau, est un des plus grands fantasmes des joueurs assidus de fantasy. Rien de plus envivrant que de s'imaginer traversant la Moria en compagnie de Gandalf, de visiter la Lothlorien, et d'arpenter le Riddermark. Le rêve devient réalité ! C'est ce que nous propose le Tiers Age, à un ou deux détails près.

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On débute l'aventure avec un dénommé Berethor, guerrier du Gondor, parti adresser un message à Boromir. Il se dirigie vers Fondcombe quand il rencontre une elfe, Idrial, et qu'il apprend que Boromir s'est déjà mis en route avec la Communauté de l'Anneau. Ni une, ni deux, Berethor part sur les traces de la compagnie, Idrial à ses côtés. Au fil de l'aventure on rencontrera d'autres personnages, six au total, qui viendront compléter l'équipe de base. On est donc aux commandes d'une petite troupe qui suit un chemin parallèle à celui de la Communauté de l'Anneau. Une Communauté bis qui a toute les caractéristiques de l'originale, puisqu'on y retrouve, en plus d'un Gondorien (Berethor/Boromir) et d'une elfe (Idrial/Legolas), un nain (Hadhod/Gimli), un dunedain (Elegost/Aragorn), et en supplément deux personnages issus du Rohan (Morwen et Eaoden que l'on peut assimiler à Eowyn et Eomer). On ne regrettera pas les hobbits, mais Tolkien doit se retourner dans sa tombe vu la place ridicule occupée par les potes de Frodon dans le jeu.

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Certains regretteront sans doute de ne pas maîtriser la véritable Communauté de l'Anneau, de ne pas pouvoir contrôler Legolas (désolé mesdemoiselles), Aragorn ou Gimli. Mais je trouve, au contraire, que EA Games a eu une excellente idée qui permet de rester fidèle à la trame du SDA en se réservant une marge de manoeuvre et quelques références on ne peut plus jouissives. En effet, suivre la trace de la Communauté de l'Anneau implique de passer aux mêmes endroits, de pister les campements tout frais de la troupe, de traverser la Moria sur les talons de Gandalf, de se retrouver au Gouffre de Helm en plein coeur de la bataille. Un rôle de l'ombre qui se trouve récompensé avec des références qui feront plaisir aux fans des films, comme le passage dans la chambre mortuaire de Balin avec le cadavre du Troll tout frais tué, ou la possibilité de jouer avec les principaux protagonistes de l'histoire, tels Aragorn, Legolas, Gimli, Gandalf ou Eowyn, le temps d'un combat. EA Games a vraiment potassé son sujet à fond, l'intégration de notre troupe avec les évènements des films est soignée et sans accrocs. On pourra noter quelques incohérences (la porte de la Moria non obstruée), mais dans l'ensemble, les relations sont bien pensées, on se sent vraiment au coeur de l'action, avec l'impression de pouvoir rencontrer Aragorn ou Gandalf au prochain détour de couloir. Le sentiment d'immersion est renforcé par la présence de nombreuses vidéo qui se débloquent au fur et à mesure de notre progression en nous informant des particularités de la Terre du Milieu ou de l'avancée de la Communauté de l'Anneau. A noter que le jeu est davantage une adaptation des films que du livre, les vidéos allant dans ce sens, ainsi que les avatars graphiques des héros principaux.

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Alors, certes la bande de Berethor n'a pas le charisme de celle d'Aragorn, mais le simple fait d'être là, de prendre part aux évènements historiques de la Terre du Milieu, est grisant. C'est là où se situe la bonne idée de EA Games, en créant de nouveaux personnages, les développeurs ont surtout permis au joueur de s'immiscer dans l'Histoire, en épousant la cause d'un groupe inconnu, sans avoir le poids, et le parcours crypté d'avance, de la Communauté de l'Anneau sur les épaules, ce qui aurait été plus lourd à gérer. Il est même dommage de ne pas pouvoir créer soi-même ses personnages au début (du moins, le premier, le gondorien). Notre petite troupe acquiert finalement son indépendance au fil de l'aventure, des relations particulières se nouent entre les personnages, et certaines révélations auxquelles on ne s'attendaient pas, viennent bouleverser les choses vers la fin, épaississant un peu la personnalité des différents protagonistes. Les développeurs ont souvent eu l'audace de faire participer nos personnages a des épisodes non relatés dans le film ou les bouquins, tout en respectant l'oeuvre originale. Les zones d'ombre du récit ont su être aménagées pour créer des scènes qui font vivre à la fois notre troupe et le monde déjà foisonnant de Tolkien, comme le chapitre sur les rives de l'Anduin, au Rohan où on rencontre Grima, ou à Osgiliath face à Gothmog. Ceci dit, le scénario reste très basique, et suit dans les grandes lignes celui du film, on demeure donc dans du balisé et convenu, on ne sera guère surpris par le déroulement du jeu. L'essentiel dans tout cela, c'est de retrouver l'atmosphère et l'esprit du film avec une fidélité réjouissante. D'ailleurs les graphismes sont excellents. On peut passer sur la modélisation des personnages, qui reste tout à fait convenable, pour s'attarder sur les décors qui sont superbes. Traverser la Moria, avec ses couloirs et ses vastes salles désertes, est un grand moment. Le Gouffre de Helm est restitué avec un grand souci du détail, conforme au film à la brique près. En Eregion, on se surprend à trouver des petits coins mignons, comme cette sorte d'autel elfe qui monte dans les arbres, avec des lucioles qui éclairent la scène de leurs lumières tamisées. L'homogénéité de la réalisation est exemplaire.

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Malheureusement le jeu est très dirigiste et on ne peut pas se promener librement à travers la Terre du Milieu. L'aventure est découpée en plusieurs chapitres, se déroulant dans un lieu précis (Eregion, Moria, Rohan, Minas Tirith...), avec des environnements fermés. Chaque chapitre propose des quêtes plus ou moins secondaires à accomplir pour pouvoir avancer dans le scénario. Ces quêtes sont variées, il faut récupérer des objets dissimulés dans des coffres, porter secours à des alliés, éradiquer une certaine catégorie d'ennemi, mais tout cela se finit invariablement par des combats. L'exploration est donc présente car il faut fouiller les recoins de chaque lieu pour dénicher toutes les quêtes à accomplir, mais elle est très réduite pour un RPG, vu qu'elle reste confinée à des environnements cloisonnés. C'est sans doute le gros point noir du jeu, car il est très frustrant de ne pas pouvoir profiter davantage de l'univers des Terres du Milieu. On ne traverse aucun village au cours de l'aventure, on n'achète donc aucune arme, aucun item, c'est simple il n'existe aucune monnaie dans le jeu, on récupère tout sur les ennemis ou dans des coffres. Mais ce qui est encore plus dommage c'est le fait d'avoir carrément zappé des lieux importants, comme la Lothlorien, qui semble s'offrir à nous après un long passage dans l'obscurité de la Moria et qui nous est volé en quelques secondes, substituée par une vidéo un peu pauvre en sensation. En fait, tout ce qui ne génère pas d'action a été évité, donc on ne se repose jamais, la contemplation n'a pas sa place, on a affaire à un jeu de bourrin. Pourtant, il y avait de quoi faire quelque chose de plus équilibré et plus poétique avec la variété de lieux que propose les Terres du Milieu. Mais après tout, on est là pour sauver le monde, pas pour parler aux arbres. Le jeu s'est véritablement privé d'une liberté et d'une évasion qui auraient transcendé l'aventure.

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Le système de combat occupe donc une place prépondérante, étant donné qu'on passe la plupart de son temps à se frayer un passage à travers les hordes de monstres. Heureusement ce système est très bien pensé et agréable à prendre en main. La simplicité est de mise vu qu'on a accès soit à des attaques de base, soit à des attaques spéciales consistant en magie, combos ou autres altérations d'état, mais qui consomment des points de mana. Une jauge se remplit également au fur et à mesure des combats et délivre, une fois plein, un nouveau panel d'attaques particulièrement destructrices. Chaque personnage correspond à un profil défini et possède ses propres forces et faiblesses, Berethor est aussi puissant que résistant alors que l'elfe Idrial est la seule véritable compétente en magie blanche et à ce titre indispensable. Il faut évidemment tenir compte de toutes ces caractéristiques pour composer son équipe de trois personnages, sachant qu'à tout moment dans un combat on peut faire appel à un allié resté en retrait. Jouer tout le temps avec les mêmes personnages peut être bénéfique à long terme, car plus on utilise des compétences spéciales plus on en apprend et surtout plus on combat avec un personnage et plus il gagne de points d'expérience, mais à certains moments au court de la quête il arrive de devoir diviser ses troupes en deux, donc il est préférable de faire attention à l'évolution de chacun. Enfin cet aspect est atténué par l'attribution de points d'expérience à tout les membres à l'issue de chaque combat, même aux personnages n'ayant pas participé, même si ceux ci reçoivent moins de points que les autres. Normalement on n'a jamais besoin de faire du levelling, les personnages évoluent rapidement, et le niveau des ennemis est adapté. Heureusement d'ailleurs, car hormis les combats obligatoires, nécessaires à la quête, qui se déclenchent à des endroits précis, la fréquence des affrontements n'est pas très élevée, il faut tourner un petit moment avant de tomber sur un ennemi (une jauge symbolisant l'oeil de Sauron indique l'imminence d'un combat). La gestion de l'équipement et des objets est tout aussi simple, elle est réduite au strict minimum, vu qu'on ne peut rien acheter, et qu'on doit se contenter des items trouvés dans les coffres ou après les combats. La volonté est clairement de rendre accessible le jeu au plus grand nombre, sachant que tout les fans des films du SDA (la cible visée) ne sont pas forcément initiés au RPG.

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Cependant les affrontements ne sont pas dénués de stratégie. Les compétences à apprendre sont tellement nombreuses que les possibiltés sont assez larges. On peut s'attaquer aux ennemis de multiples manières, privilégier le combat frontal ou préférer les moyens détournés, affaiblir l'ennemi ou assurer d'abord ses arrières avant de porter le coup fatal. Si au début les affrontement sont bourrins, peu à peu il devient indispensable d'apprendre de bonnes compétences pour progresser. Les ennemis deviennent de plus en plus coriaces et étendent eux aussi leurs capacités. Ils ont d'ailleurs souvent recours à l'assommement, empêchant toute initiative de nos personnages, ce qui conduit à une mort inéluctable. Il faut donc faire évoluer ses techniques au fil du jeu, selon les adversaires que l'on rencontre, et apprendre à se protéger convenablement avant d'attaquer, car n'importe quel combat peut-être synonyme de mort si on l'aborde dans de mauvaises circonstances ou si on oublie d'utiliser la bonne compétence au bon moment. Certains passages peuvent se révéler crispants, surtout quand les ennemis sont très nombreux et se succèdent par vague (je pense au Gouffre de Helm). Le plus difficile étant de générer le surnombre des adversaires, les combats en infériorité numérique se révélant plus acharnés que ceux où on possède l'avantage du nombre, même si l'ennemi est en apparence plus coriace. Malgré tout on arrive vite à mettre une technique quasi infaillible sur pied, notamment quand on a appris les compétences de guérison et de résurrection d'Idrial. Au final le jeu est dans l'ensemble plutôt facile, il n'est pas défendu, pour avoir plus de challenge, de monter le niveau de difficulté au début de la partie.

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Mais ce qui est le plus regrettable avec le Tiers Age c'est que la seconde partie a tendance à s'essouffler. A partir du Gouffre de Helm on se contente d'enchaîner les combats jusqu'à la fin. En cela, le jeu reste fidèle au film, aucun doute, mais l'intérêt ludique est beaucoup plus contestable. Les petites quêtes exploratrices des premiers chapitres disparaissent au profit de missions qui ne visent qu'à éliminer tout les ennemis qui se dressent sur notre chemin. L'impression d'arpenter des couloirs, latente depuis le début de la partie, devient presque implacable. On avance juste pour tomber sur le prochain affrontement. Les combats deviennent répétitifs et finissent par lasser (malgré leur rythme et leur mise en scène). D'autant que les ennemis manquent de variété, au bout de vingt heures on commence à avoir marre de taper de l'orc, du gobelin et du troll, malgré leur design assez réussi, tout droit tiré des films. Il est évident que le final du Seigneur des Anneaux se prête davantage à un beat them all du genre les Deux Tours ou le Retour du Roi, avec des combats plus dynamiques, qu'à un RPG comme le Tiers Age, et ses combats fixes au tour par tour.

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En bref, le Tiers Age est un jeu tout à fait recommandable, qui charme avant tout par la richesse de ses décors et son univers fidèlement retranscrit. Pour le reste on est devant un RPG classique, avec un système de combat conventionnel, qui arrive toutefois à tenir la route, grâce à un rythme bien géré et à une foultitude de compétences à apprendre. Si on a apprécié les films de Peter Jackson et qu'on n'est pas insensible aux RPG, nul doute que le Tiers Age scotchera au pad. La durée de vie s'annonce gargantuesque au début, mais plafonne, au final, à 25 heures pour compléter le jeu à 100%. On peut débloquer un mode maléfique qui permet de revivre les combats du côté des méchants, mais si cette optique est réjouissante, ce mode est très limité et bouclé en dix minutes. Dommage que que le jeu soit si dirigiste, avec l'impossibilité de visiter les Terres du Milieu, et que la fin tourne à la succession de combats répétitifs (sans parler de l'affrontement final, ridicule, inutile et déplacé, les développeurs ont de se sentir obligés de nous le refourguer), sans quoi le Tiers Age aurait été un titre réellement superbe.

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En bref...
Graphismes
Les graphismes en eux-mêmes ne sont pas parfaits, mais la cohérence de l'univers est excellente. Le jeu retranscrit avec fidélité l'univers des films de Peter Jackson qui sont juste visuellement sublimes (une des grandes qualités des longs métrages à vrai dire). Certains décors sont superbes (la Moria, le Gouffre de Helm, Osgiliath). Le Tiers Age est beau, un point c'est tout.
8 / 10
Jouabilité
Du RPG pur et dur, sans originalité mais efficace. Les combats au tour par tour sont classiques mais intenses, réservant une panoplie d'actions très vastes, couplée aux six personnages qui offrent autant de possibilités. Dommage que pour le reste, on se contente d'avancer sans avoir grand chose à faire, ni à visiter.
8 / 10
Durée de vie
Cela partait bien mais au final, une vingtaine d'heures suffisent à boucler le jeu à 100%. Le problème c'est qu'une fois l'aventure finie, on n'a plus rien du tout à faire et on n'a pas vraiment envie de revenir sur le jeu. Le mode maléfique est une bonne idée, malheureusement sous exploitée, qui ne vient pas prolonger le plaisir.
7 / 10
Bande son
Les musiques sont tout droit tirées des films, c'est l'avantage d'avoir une licence. Entendre le main thème résonner dans les mines de la Moria fait frois dans le dos. La musique aurait quand même gagné à être plus présente. Mais c'est compensé par les doublages des personnages, en français s'il vous plaît, qui ne sont pas mauvais.
8 / 10
Scénario
L'idée d'une communauté bis est très bonne, même si certains regretteront Aragorn et compagnie. Personnellement je ne regrette pas les Hobbits, on est là pour défourailler de l'orque, pas pour jouer à la marelle ! Dommage qu'on passe finalement plus de temps à casser du méchant qu'autre chose. L'idée de départ aurait méritée d'être mieux exploitée. Le fait d'avoir zappé certains lieux clés (la Lothlorien par exemple) ainsi que de cloisonner le joueur dans des environnements fermés est très regrettable.
7 / 10
Note générale
Le Seigneur des Anneaux : le Tiers Age est un jeu qui s'adresse aux fans des films de Peter Jackson en premier lieu, et aux assidus de RPG en second. Si on réunit ces deux conditions, il y a de fortes chances qu'on adhère au jeu, tant il est paufiné avec savoir faire. On tenait un hit en puissance si l'aventure avait été plus variée. Les environnements clos et la répétitivité des combats sur la fin, gâchent le potentiel du titre.
7.5 / 10

 

Les + Les -
+ Les graphismes
+ L'atmosphère excellente
+ Marcher sur les traces de la communauté
+ Les combats tendus
- Les environnements fermés
- La répétitivité des combats

Test réalisé par yedo, allez visiter son site

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