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The Fish Files est un jeu Gameboy Color sorti en 2001, développé par le studio italien 7th Sense et édite par Microïds. Unique en son genre pour une console portable, ce soft s'inscrit dans la lignée des jeux d'aventure Lucas Art comme Day Of The Tentacle ou Sam & Max qui ont régalé les Pcéistes durant les années 90. Adapter un tel jeu sur Gameboy Color était un challenge délicat et plutôt incongru, pourtant force est de constater que les développeurs ont su le relever avec un certain brio. L'ambiance est délicieusement déjantée, avec un scénario qui va bien et une réalisation loufoque à souhait. Dante et se collègues Korsellos et Fritz, coulent des jours paisibles dans leur collège jusqu'au jour où leurs poissons rouges sont enlevés. Ni une ni deux Dante s'empresse de mener l'enquête sur ce rapt insensé qui le mènera sur la trace d'un complot extraterrestre. L'action se déroule donc dans le collège ainsi que dans la ville environnante, avec des passages obligés dans la bibliothèque, les toilettes, le labo de chimie, le gymnase, les cuisines, les chambres des filles, le club, ou le commisariat de police. Les décors sont très soignés, le design étrange, aux contours retors, accentue l'atmosphère farfelue du titre. La Gameboy Color est exploitée à merveille et on peine à croire qu'elle arrive à afficher autant de détails et de couleurs, avec des sprites imposants.
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Si l'environnement est finalement restreint, sans doute à cause des capacités de la console, il est utilisé à bon escient. A vrai dire, heureusement que le terrain d'action n'est pas plus vaste car on aurait tendance à s'y perdre, les énigmes à résoudre étant déjà assez nombreuses et échevelées. Il faut apprivoiser les décors, prendre ses habitudes, repérer les moindres détails pour ensuite accomplir la bonne action au bon endroit. On a donc tout le temps de tourner en rond, de faire des allers retours nécessaires dans chacun des lieux avant de se les approprier. D'autant que le scénario a eu la bonne idée (classique cependant) de faire voyager les protagonistes dans le temps et ainsi de revisiter les endroits connus à différentes époques ou d'en découvrir de nouveaux au fil de l'aventure. Les situations sont donc variées autant que possibles. Les actions sont très nombreuses et il faut faire chauffer ses méninges pour résoudre les énigmes. Heureusement la jouabilité est efficace. Chaque écran recèle des objets avec lesquels on peut intéragir, dès qu'on s'en approche une petit flèche apparait, on peut soit alors recueillir des informations, déclencher quelque chose ou tout simplement récupérer l'objet en question en vue de l'utiliser par la suite. C'est très pratique car on ne loupe aucun élément essentiel au bon déroulement de la quête, même s'il faut parfois se placer de manière très précise pour pouvoir agir sur un des objets du décor. Quoi qu'il en soit, même avec tous les éléments entre les mains, il faut avoir un sacré sens de la logique pour venir à bouts de toutes les énigmes retorses que les développeurs ont conçues. Autant certains passages se passent sans encombre et avec un plaisir non dissimulé tant la fluidité de l'action vient récompenser la réflexion fulgurante du joueur, autant à d'autres moments il est presque humainement impossible de résoudre les casse têtes qui s'imposent.
Il est par exemple évident de se servir d'un briquet sur une alarme incendie ou, dans une moindre mesure (mais c'est là où c'est le plus excitant) de se servir d'un ballon dégonflé rempli à l'hélium pour faire prendre une voix féminine au pote de chambrée, mais il est par contre moins frappant de devoir salir une choppe de bière, posée sur un coin d'étagère, avec de l'encre de Chine, pour prendre le prétexte de la laver afin de s'en servir. De même on peut combiner plusieurs objets entre eux pour en obtenir un nouveau, mais cela ne marche parfois que dans un seul sens, autrement dit on peut sélectionner un objet A que l'on fusionne avec un objet B, mais si on sélectionne d'abord l'objet B on ne peut le fusionner avec l'objet A : complètement incompréhensible. Le panel des actions étant aussi vaste, et la logique des énigmes pas toujours très évidente, on se voit souvent obligé de tourner à rond, à utiliser toutes sortes d'objet, à essayer de les fusionner, ou à les faire intéragir avec le décor, au petit bonheur la chance. Alors parfois on trouve un peu au pif, et on peut donc poursuivre l'aventure, mais c'est rare, même les vieux routards du genre auront du pain sur la planche.
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Au final, c'est dommage, car l'histoire est très sympathique, et on a une irrésistible envie de progresser pour découvrir ce qui nous attend au fil du jeu. Malheureusement on se sent contraint d'utiliser, tôt ou tard, une soluce pour avancer et résoudre les énigmes, ce qui gâche une partie du plaisir. Du coup il est difficile d'évaluer objectivement la durée de vie du jeu, même si on peut compter une petite dizaine d'heures pour le boucler. Bien sûr, si vous préférez tout résoudre par vous-même, la durée de vie peut facilement doubler, mais une bonne partie aura été passée à tourner en rond et à perdre la boule. The Fish Files reste donc un bon jeu, étonnant et original pour une Gameboy Color, bien foutu et superbement réalisé, avec une ambiance plaisante et loufoque à souhait, mais qui par sa grande difficulté (enfin, je ne sais pas si on peut appeler ça de la difficulté, disons plutôt son irrationalité), pourra en rebuter un certain nombre, et compromet sans doute une partie du charme et du potentiel du jeu.
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En bref... | |
Graphismes The Fish Files est un jeu impressionnant pour une Gameboy Color, des décors loufoques, des sprites énormes, des couleurs qui pètent, l'ensemble est très réussi et homogène. Il faut adhérer au design particulier, typique des jeux d'aventure PC. |
7 / 10 |
Jouabilité Pas grand chose à dire de ce côté-là, des actions très basiques, un personnage qui répond bien, le tout sur deux boutons. Le seul bémol c'est le fait de devoir se placer de façon précise pour intéragir avec certains élements. |
7 / 10 |
Durée de vie Il est difficile de noter ce critère. Tout dépend de l'abnégation du joueur, qui résistera ou non à l'envie de mater une soluce pour avancer dans le jeu, face à la difficulté de certaines énigmes. Dans tout les cas, dix heures semblent une valeur assez juste, mais pas davantage. |
6 / 10 |
Bande son Les musiques sont très sympathiques et entraînantes mais manquent de variété et tournent vite en rond. Au bout d'un certain temps on a plutôt envie de couper le son, en tout cas de le baisser pour préserver nos oreilles et éviter de devenir fou si en plus, on se met, nous-même, à tourner en rond. |
6 / 10 |
Scénario Un scénario décalé et parodique qui fait mouche grâce à des dialogues, une panoplie de personnages et des situations marrantes. |
6 / 10 |
Note générale The Fish Files est un très bon jeu, surprenant et singulier sur Gameboy Color. Voilà le genre de soft à essayer pour passer un bon moment. Malheureusement l'absurdité de certaines énigmes frustrera le plus endurci des joueurs et modère l'enthousiasme que l'on peut avoir pour ce titre sympathique. |
8 / 10 |
Les + | Les - |
+ Les graphismes + L'ambiance weird + L'humour |
- Musique saoulante - Enigmes tordues |
Test réalisé par yedo
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